samedi 12 janvier 2013

de grandes espérances (1)

 


Faut-il mettre entre les mains de nos enfants des adaptations de textes classiques ? Des textes évidemment traduits lorsqu'il s'agit de classiques étrangers, mais également réécrits, coupés, allégés, toilettés. Ne risquent-ils pas, à force de lire des oeuvres adaptées, d'avoir une culture altérée ? Cela ne revient-il pas à enlever la dimension d'effort, propre à de nombreuses lectures souvent très enrichissantes. N'est-il pas mieux d'attendre qu'ils soient en âge de lire une oeuvre dans son intégralité, pour la leur proposer ? Pourquoi brûler les étapes ?

Nous avouons ne pas avoir d'idée bien arrêtée sur la question et même avoir évolué. D'Ayatollah du texte original nous en sommes venus à nous dire qu'une adaptation bien conduite pouvait être un heureux moyen d'amener un enfant à la bonne littérature sans risque de l'en dégoûter. Parmi chemins de traverse qui peuvent amener un enfant à se frotter à une autre littérature que les best-sellers en neuf ou  douze tomes (parfois très bons), il y a l'adaptation. L'important étant qu'elle soit menée par un bon écrivain. 

Aussi nous sommes nous plongés dans l'adaptation récente des Grandes espérances de Charles Dickens, par Marie-Aude Murail. "Great expectations" est l'un des derniers romans de l'auteur, publié en feuilleton en 1860 et 1861. Plusieurs bonnes raisons poussaient à cette lecture : l'envie de découvrir un Dickens que nous n'avions jamais lu, le fait que Marie-Aude Murail soit une écrivain que nous suivons et admirons depuis longtemps, les illustrations de Philippe Dumas avec qui elle avait déjà travaillé sur le magnifique Miss Charity, l'objet enfin : un gros et beau livre que l'on a envie de poser au pied du lit.

Pour Marie-Aude Murail, adapter c'est "transmettre". Cela doit se faire dans le respect de l'auteur et de son oeuvre. Elle ne parle d'ailleurs pas de réécriture mais "d'allégement", de "réduction à feu doux". Il s'agit d'enlever au scalpel quelques descriptions et énumérations de manière à faciliter l'accès au texte. On retrouve finalement les propos d'un Daniel Pennac qui dans ses droits du lecteur défendait la possibilité de sauter des passages, de grapiller dans le texte, qui désacralisait la lecture pour qu'elle soit davantage partagée.

Quand adapter c'est servir l'oeuvre en la respectant pour mieux la faire passer, pour mieux la partager, alors au diable l'intégrisme...

À suivre notre chronique sur le roman.

Yann

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