vendredi 25 octobre 2013

Jean-Luc Fromental & Joëlle Jolivet au Vent dans les pages!



pingouins
Embarquement immédiat avec les 10 P’tits Pingouins, qui se lancent (bien malgré eux) dans une tournée effrénée autour du monde !

Rendez-vous Samedi 12 novembre,à partir de 15 heures, en compagnie de leurs créateurs, Jean-Luc FROMENTAL et Joëlle JOLIVET  pour une séance de dédicaces dépaysantes …
On vous promet même un peu de glace (dans les verres, bien sur !!!!)

Nous vous recommandons une petite visite sur le site de la librairie pour retrouver les coups de cœur de Christine, et inscrire vos enfants aux séances de contes.

Du Vent dans les pages, librairie jeunesse, 
262 rue des Pyrénees, Paris 20e. Tel 01 43 66 60 06

262 rue des Pyrénées 75020 - PlaN

dimanche 20 octobre 2013

mes débuts dans l'art






Quelles sont les limites de l'art? L'art contemporain est-il une fumisterie? Une provocation? "Aujourd'hui, nous sommes dans le concept, l'extravagance… il n'y a plus beaucoup de peinture. Ou alors elle est abstraite, décorative." semble regretter l'auteur. "Mais il reste des génies qui savent dessiner. Cela m'intéressait d'inventer un héros qui, il y a deux siècles, aurait été reconnu comme un prodige, aurait été vénéré. Et qui aujourd'hui, n'a plus que son père et un prof pour l'admirer… C'est un héros à contre-courant."explique Chris Donner.

Le héros en question s'appelle David. Il a 16 ans et débarque avec sa famille à Reno. Le garçon est doué pour le dessin et son père l'inscrit illico dans une école d'art. Il y rencontre deux profs qui vont porter un regard diamétralement opposé sur lui.
Les deux professeurs, incarnent chacun une conception de l'art. D'un côté, le professeur Deems ("l'apôtre de l'instinct qui professait la mort de l'histoire de l'art") de l'autre le professeur Priviletti  ("le disciple du travail qui prônait la voie de l'éternelle beauté de l'art"). Le premier ne jure que par l'art contemporain. Le deuxième est fasciné par les chefs d'œuvre de la Renaissance. Chris Donner explique : "J'ai essayé de les accabler et en même temps de leur donner une chance à tous les deux." Même s'il avoue "plus de tendresse" pour le professeur classique, la victime. Ce dernier est souvent ridiculisé mais l'auteur maltraite davantage Deems qui représente "le côté dictatorial des grands théoriciens de l'art, les grands causeurs…". 

Si l'art contemporain a été le déclencheur de ce récit, pour Chris Donner, l'art est le décor, la situation, pas le vrai sujet du livre. Il explore ici la famille, une famille sans conflits, sans heurts. "Je suis l'inverse. J'ai grandi dans une famille pleine de conflits, dans une grande violence. Là, je prends plaisir à raconter la possibilité d'une harmonie familiale. Le héros parvient à se construire, à apprendre des choses, à conquérir son indépendance dans la douceur. Cela ne passe pas par l'opposition ou la destruction de l'autre. Il n'y a pas de rivalité entre le père et le fils pas plus qu'entre les enfants. Il y a un contournement des violences et des conflits." Le jeune héros a "une sorte de grâce, il est gentil, trace son chemin. C'est un personnage qui résiste à toutes les violences, y compris la sienne. Et à la fin, le Deus ex-machina vient se venger. Jusqu'à présent, le héros n'avait pas connu de drames, seulement des petits évènements qu'il avait surmonté. C'est comme si les dieux en avaient marre, alors ils tuent son père. Il faut mettre du tragique quelque part."
Au sein de cette famille, on est plus particulièrement frappé par l'amour et l'intérêt que le jeune héros, David Belting, porte à ses jeunes frères et sœurs. "Il aime sa famille. Il est l'aîné, et reproduit avec ses frères et sœurs la gentillesse que son père lui témoigne. Une tendresse amplifiée par le dessin, qui est un acte d'amour. Il tente de les fixer en respectant leurs mouvements."
A l'extérieur du cocon familial de David Belting, il y a l'école, où le héros n'a aucun ami. Il y a surtout Rocio Mendes, une fille magnifique,dont il tombe amoureux au premier regard. "Rocio Mendes, c'est d'abord le retour de flammes de ce qu'il a quitté : la région du sud de la Californie, non loin du Mexique. Elle vient heurter les préjugés car elle très éloignée de l'idée que l'on se fait des Mexicaines, petites et grasses. Elle est ensuite l'objet de toutes les attentions, l'égérie des élèves, l'objet de convoitise. Elle est inaccessible et cela rend les histoires d'amour plus palpitantes. David Belting la rend irréelle. Elle dévient réelle à la fin, lorsqu'il fait vraiment sa connaissance. Elle le ramène à la réalité de ce que peut être l'art, et l'art contemporain." 

Un héros qui traverse des épreuves, grandit, conquiert une indépendance… Peut-on lire "Mes débuts dans l'art" comme un roman d'apprentissage ? Chris Donner répond à l'affirmative. Mais un roman d'apprentissage particulier car sans révolte. On revient là au thème de la famille, de l'absence de conflits  : "Ce livre, c'est l'apprentissage de l'amour filial. Il découvre qui est son père, il l'accepte tel qu'il est, sans passer par une étape de révolte. Cette histoire raconte comment on peut découvrir des choses sur quelqu'un sans renoncer à son amour pour cette personne. Il n'est pas toujours d'accord avec lui, mais il ne cesse jamais de l'aimer.

On s'interroge à la fin du roman sur ce héros, dessinateur de génie, qui n'a jamais voulu devenir un artiste et qui décide qui ne le sera pas. Il fait le choix de se tourner vers un autre "art" : l'écriture…: "Il choisit l'écriture pour ne pas devenir clochard. C'est un choix de raison. Il comprend aussi que savoir très bien dessiner ne fait pas de lui un grand créateur. Malgré ce don pour le dessin, il n'a jamais senti en lui cet élan de création. Le don du dessin n'amène pas forcément à l'art. Il a quelque chose à transmettre qui passera par un autre biais, l'écriture."

Un roman enthousiasmant pour bons lecteurs à partir de 13 ans.

(chronique rédigée par Audrey, à partir de la lecture du roman et d'une interview que m'a accordé l'auteur)

Mes débuts dans l'art, de Chris Donner, paru en septembre 2013 (L'Ecole des Loisirs)

dimanche 13 octobre 2013

ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill



Un roman graphique que l’on conseille à des lecteurs dès le collège ainsi qu’à leurs parents. Le roman date de 2007, mais vient d’être adapté au cinéma, sous la forme d’un film d’animation dont la sortie est prévue le 23 octobre.
            Jean fait sa rentrée en CP et est terrifié lorsque sa vieille maîtresse à moustaches, Mme Moinot, demande aux enfants de se présenter et de donner la profession de leurs parents. C’est que la maman de Jean est partie en voyage, il y longtemps déjà, et ne donne pas vraiment de nouvelles. Alors le petit garçon, pris de panique, en fait une secrétaire. Son papa est directeur de la grosse usine de conserves ; cela lui donne plein de soucis « qui lui font froncer les sourcils ». À 16h30, à l’heure des mamans et des papas, c’est Yvette, la gouvernante, qui vient les chercher à bord de sa Simca 1000, lui et son petit frère.
            Le roman défile la vie de ces deux enfants dans une petite ville de province, au début des années 1970, une vie racontée à travers les yeux de Jean. Les goûters à base de chocolat glacé, préparés par Yvette, les vacances ennuyeuses chez les grands parents, avec les vieilles amies de mamie qui fondent en larmes à chaque fois qu’elles croisent les enfants, les histoires de cours de récréation qui font penser au Petit Nicolas, les noëls où l’on essaie de photographier le Père noël armé d’un polaroïd.
            Avec toujours cette absence, tous ces moments qui ramènent Jean à sa maman dont il se rend compte un soir qu’il en perd le souvenir. Heureusement il ya Michèle, la voisine, qui a deux ans de plus et sait lire. Elle reçoit mystérieusement des lettres de la maman de Jean, qui voyage aux quatre coins du monde et est même allée en Amérique où elle a croisé Buffalo Bill. Michèle les lui lit en lui faisant promettre de n’en parler à personne.
            Alors attention, ce roman graphique sur le mensonge qui empêche deux enfants de vivre leur deuil, est tout sauf triste. Il est souvent drôle (les scènes où l’on voit les « enfants à problème » défiler chez le psychologue scolaire très années 70), bourré de vie et de tendresse. C’est aussi une jolie chronique de ces années début 70.
            Si l’auteur, Jean Regnaud, a donné son prénom au personnage principal, c’est qu’il raconte sa propre histoire, avec pudeur, intelligence et humour. Dans la famille, nous suivons Émile Bravo, le dessinateur, à travers « Les épatantes aventures de Jules », que nous adorons. C’est également lui qui a réussi la meilleure aventure de Spirou et Fantasio de ces dernières années, « Journal d’un ingénu ». Nous retrouvons son dessin avec plaisir. Ses visages sont toujours expressifs, la poésie  et la tendresse ne sont jamais loin. Sûrement l’un des tous meilleurs dessinateurs de bande dessinée jeunesse.
            Un roman graphique qui aborde avec humour et délicatesse ces moments où un enfant perce des secrets :  ceux communs à presque tous les enfants comme l'existence du père noël, et ceux beaucoup plus lourds et personnels, l'absence de sa mère.

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill, de Jean Regnaud et Émile Bravo, Gallimard, 2007.

dimanche 6 octobre 2013

c'est moi le chef !




            Si, comme nous, vous avez un tyran à la maison, un tyran à qui l’idée de devoir se laver les dents deux fois par jour est insupportable, qui ne comprend pas pourquoi il ne chausserait pas sa paire de tennis sept jours sur sept, qui fulmine contre le passage à quatre jours et demie d’école, bref un tyran à qui la notion de règle est absolument étrangère, alors la lecture de cet album devrait éveiller en vous une lueur d’espoir.
            Mathilda ne comprend pas comment on peut respecter des règles stupides, toute la journée, à la maison, à l’école, chez le médecin... Les lois, il faut les changer, décide-t-elle. Oui mais à qui s’adresser ? Notre révolutionnaire en herbe se rend au commissariat, chez la directrice, la bibliothécaire et ne se heurte à l’incompréhension ou à l’indifférence. Jusqu’à ce qu’au détour d’un reportage télévisé, elle apprenne que le plus efficace est d’envoyer un mail au Premier ministre, qui la renvoie vers la Reine.
            Rien n’arrête Mathilda, qui trouve le moyen de se faire confier les rennes du pouvoir par la reine, bien contente de partir en vacances. Mais l’exercice du pouvoir s’avère bien compliqué. La nouvelle constitution mathildienne accouche d’un véritable enfer :
« Chaque jour, une nouvelle épidémie de crises de fois se déclenche. »
« La production de crème glacée a tellement augmenté que le pays va bientôt manquer de lait ! ».
« Les baby-sitters refusent de surveiller des enfants qui sont devenus de vrais brigands, ils préfèrent travailler chez Burger folies ! ».
Mathilda, qui se sent très mal, préfère rendre son tablier et rentrer chez elle pour se transformer en petite fille modèle. À moins que...
            Un joyeux plaidoyer pour la nécessité des règles et contre la dictature des enfants rois. Le texte de Luan Alban et les très jolies illustrations d’Anne Montel se disposent librement sur les pages blanches de l’album en assez grand format. Des illustrations pleine page avec de jolis aplats au pinceau alternent avec des vignettes plus petites pour que l’œil se ballade.
            Bon, avouons le, nous l’avons lu à notre petit brigand sans que cette leçon d’éducation civique un petit peu foutraque ne porte vraiment ses fruits. Ce n’est pas grave, la lecture a été belle.

(chroniqué par Yann)





















C’est moi le chef ! de Luan Alban et Anne Montel, Belin Jeunesse, septembre 2013.            

mercredi 27 février 2013

dans la chambre de Léon, 6 ans

léon, 6 ans, paris 11e



"C'est une copine de maman qui m'a offert ce livre pour mes 6 ans. Je l'aime parce que j'aime les livres où il y a des monstres qui n'existent pas ou qui existent et qui sont là, sous nos yeux, et tu ne les vois pas.
Mon monstre préféré dans le livre est le dragon. J'aime bien les dragons, leurs griffes, leurs ailes. Ils ne me font pas peur sauf si c'est en vrai ! Mais ça n'existe pas. Si, dans le film Dragons. Il y a aussi la page avec Dragonella et ses longues dents. Si tu poses tes clés quelque part et que tu ne les retrouves pas, c'est lui qui te les a chipées!
Ma maman me lit des histoires mais ce livre là, je le regarde tout seul."










































*mon endroit préféré pour lire : le canapé et mon lit avec mon petit doudou
*mon moment préféré pour lire : le soir avant de dormir
*le premier livre que j'ai lu tout seul : Hippopotame, réveille-toid'Altan  
*mon jeu préféré : les clic's
*mon meilleur copain : Iwen
*mon jeu préféré dans la cour : police-voleur
*ce que je préfère manger  : les frites 
*Mon dessin-animé préféré : Le voyage de Chihiro et L'histoire sans fin  
 *mon objet préféré dans ma chambre : la couronne que j'ai fabriquée à l'école 

dimanche 24 février 2013

Les enfants de Babel

       

Il est question d'évasion dans ce roman d'Eliacer Cansino. D'évasion et de transmission. Prendre la mer pour gagner un nouveau continent et échapper à une vie de misère, échapper à l'exclusion et  au regard des autres par le trafic et la débrouille, échapper par les livres à une vie de solitude.
        Nor, Berta, Rachid, Angel et Gil n'en ont pas toujours conscience mais tous sont des êtres errants, sans attaches. Gil, depuis la guerre civile espagnole, n'a vécu qu'une vie de fuite et d'errance, son précieux livre sous le bras. Nor a quitté son pays d'Afrique, tout comme Rachid. Angel, le professeur de philosophie a perdu sa femme et se fait oublier du monde en réparant les mécanismes de vieilles montres, en se plongeant dans la poésie de José Hierro. Berta rêve d'achever ce roman dont elle a écrit les premières pages sur son carnet. Tous ces personnages, pris dans le tourbillon du hasard vivent à Alfarache en banlieue de Séville, dans une tour, qui n'est pas Babel, mais pourrait l'être, tant elle est fébrile, tant y règne le désordre.
      Avant de disparaître, Nor a laissé une lettre à Angel, son professeur de philosophie, lui demandant de l'aider. Il est parti rejoindre son petit frère, qui doit débarquer prochainement avec un groupe de clandestins sur les rives de l'Espagne. Cette disparition met en contact ces personnes qui vivaient tout à côté les unes des autres et pourtant se méconnaissaient. Angel fait la connaissance de Gil, ce vieil homme de plus en plus surprenant et inattendu, qui, sans sortir de chez lui, était présent dans tant de vies.
      Car l'autre sujet du roman est la transmission. Angel transmet à ses élèves l'art de questionner le monde et celui de mieux se connaître ; à Lucia, qui fait entrer du soleil dans son appartement en y faisant le ménage,  le goût de la poésie. Gil a appris à Nor l'espagnol et l'amour des livres. Rachid qui pense ne rien pouvoir recevoir,  risque de finir en prison et de ne pas laisser davantage de traces qu'un nuage de poussière que le vent dissipera bientôt.
     Transmettre, aider ou se détourner, agir par devoir, est-ce que la philosophe doit transformer le monde ou bien seulement le penser ? Telles sont les questions que se posent les personnages.
      L'auteur évite merveilleusement la description facile de bons sentiments et de personnages caricaturaux dans leur bonté ou leur noirceur. Tout est nuancé dans ce roman, tout est juste et fragile. Les personnages prennent de l'épaisseur en faisant face à leurs contradictions. Tout ne s'accomplit pas, des choses restent en suspens. J'ai été porté par cette lecture vivement conseillée aux lycéens (demandez leur de vous le prêter).


C'est enfin un roman sur la littérature et la lecture. Quand Angel se déplace, où qu'il aille, même en enfer, il devait emporter un livre. Pour aller chercher Nor, il embarque Éloge de l'ombre de Tanizaki; cela m'a touché. Alfarache est une banlieue de Séville mais aussi le village de Guzman de Alfarache, un roman picaresque écrit par Mateo Aleman au XVIe siècle, roman qui a accompagné Gil toute sa vie durant et doit faire la fortune de Nor. Quant à Berta, à la fin du roman, elle pense avoir trouvé le titre de celui qu'elle est en train d'écrire. Ce sera Oju, quel froid. Elle en a changé le personnage principal. Elle a imaginé un prof de philo qui se moque des Andalous parce qu'ils sont frileux et vit dans une tour chaotique où lui arrivent des choses qui vont changer sa vie...


(lu par Yann)






Les enfants de Babel, d'Eliaser Cansino, L'École des Loisirs, février 2013, 16 euros

dimanche 17 février 2013

concours

En partenariat avec L'école des Loisirs, commence aujourd'hui un petit concours…
Pour participer, merci de :

*(si vous avez un blog) faire un lien de votre blog vers le blog des Trois Brigands

et/ou

*cliquez sur "partager" de Facebook (juste en dessous)

Pour valider votre participation, merci de m'envoyer un mail (diabolofraise7@yahoo.fr) avec votre prénom et nom et le nom de votre blog ou page Facebook.
Merci!

Le gagnant tiré au sort le 1er mars, pourra choisir son livre parmi les quatre suivants :